Artiste pluridisciplinaire, Alphiya Joncas poursuit une conversation avec le territoire. Son travail, qui croise les pratiques de la photographie, de la sculpture et de l’écriture, s’active dans le temps long et cultive un discours sensible sur le sentiment d’être chez soi. Ses gestes authentiques vont à la rencontre du milieu insulaire des Îles-de-la-Madeleine qu’elle habite, affectionne et identifie comme ancrage. En marchant dans ses écosystèmes pluriels et porteurs, Joncas adopte une posture de dérive qui la fait aller d’une butte à l’autre, d’où semblent pousser les maisons. Ses projets évoquent des lieux qui chevauchent la limite entre le familier et l’inconnu : ils racontent l’histoire d’un attachement avec toutes ces zones habitables qui tôt ou tard décident de nous étreindre, de nous adopter. Elle oscille ainsi entre les pleins et les vides, rassemblany des bouts d’îles afin d’écrire de nouveaux paysages aux imaginaires fleurissants. Les Îles-de-la-Madeleine sont une demeure – et deviennent pour Joncas des sujets inépuisables pour tracer la
cohabitation.
Texte : Galadriel Avon
"J’ai grandi aux Îles-de-la-Madeleine et je suis née en Russie. Ces identités et la force des différents territoires et paysages que je porte sont au coeur de mon processus de création. J’aime penser que c’est aussi ça être Madeleinienne : venir d’ailleurs tout en incarnant fièrement ce que ça implique vivre ici. Vivre l’insularité, vivre le territoire, s’en inspirer et le respecter. J’aime comprendre comment les lieux d’où l’on vient et/ou ceux qu’on se choisit nous habitent et comment on peut les habiter en retour."